Je viens de rejoindre un
projet inédit en matière de protection de la faune sauvage. Une lutte
passionnante engagée par des ONG formées d’activistes qui travaillent avec acharnement
pour démanteler des nébuleux réseaux de trafiquants des espèces animales
menacées d’extinction. La semaine dernière, l’un des plus grands délinquants a
été condamné à six mois de prison ferme par un tribunal de Conakry.
A ce jour, la Guinée est considérée comme la plaque tournante de ce commerce international illégal. En mars 2013, elle a été sanctionnée par un suspension du commerce des espèces listées par la CITES suite à une très mauvaise gestion dans la mise en œuvre de cette convention internationale, en effet de nombreux permis CITES frauduleux ont été délivrés par la Guinée pour exporter des animaux, facilitant ainsi le commerce illégal d'espèces protégées. En mars 2012, Interpol a révélé qu’au moins 130 chimpanzés ont été exportés de la Guinée durant les trois dernières années, principalement vers la Chine.
C'est dans ce contexte que GALF vient de remporter une importante victoire. En 2012, elle a mené des investigations sur Ousmane Diallo, qui est un délinquant faunique d’une réputation internationale. Dans une de ses nombreuses déclarations dans lesquelles il vantait ses exploits dans cette activité qu’il exerçait en toute connaissance de cause et dans l’illégalité totale, il affirme avoir vendu plus de 500 chimpanzés depuis 1994. Il a également capturé, importé, exporté et commercialisé sans aucune autorisation des hyènes, des lions, des autruches et plusieurs autres d’espèces animales intégralement protégées par la loi Guinéenne et la convention de CITES.
Saidou Barry,
assistant-administrateur de GALF, se réjouit de cette victoire qui suscite les mêmes
réactions sur le plan international. Pour lui, "l’aboutissement de cette
affaire est un signal fort pour les trafiquants qui pensent échapper à la
rigueur de la loi faunique par des stratégies comme la fuite, le trafic
d’influence et la corruption. L’esprit de GALF est d’user de tous les moyens légaux pour mettre les malfrats derrière les
barreaux. Après plus de 20 ans d’activités illégales, 8 mois de fuite Ousmane a
fini par tomber. Donc je dirai que l’application de la loi est possible en
Guinée. Il suffit juste d’une réelle volonté et commencer à combattre la corruption".
Depuis décembre 1997, notre assemblée nationale a légiféré sur la criminalité faunique. Mais malheureusement cette loi adoptant et promulguant le code de la protection de la faune sauvage et réglementation de la chasse est rarement appliqué. Le secteur est miné par le laxiste et surtout la corruption dans un trafic qui génère environ 19 milliards de dollars par an. Il devient ainsi le 4ème trafic international le plus lucratif après celui de la drogue, de la traite des êtres humains et la contrebande des produits contrefaits.
Guinée - Application de la Loi Faunique (GALF) qui est un partenaire technique du Ministère de l’environnement travaille pour relever ces nombreux défis. C’est un projet calqué sur le modèle de LAGA, le projet mère, installé au Cameroun. Vu les nombreux résultats produits en Afrique, ces projets portés par un puissant réseaux d’ONG restent unique en leur genre.
En janvier 2013, Ousmane a
réussi à sortir entre les mailles du filet de l’Interpol. Trois de ses
complices ont été arrêtés, jugés et condamnés à 6 mois de prison ferme. Le
jugement rendu par défaut à l’encontre d’Ousmane, qui avait pris la poudre
d'escampette, le condamnait à un an d'emprisonnement. Arrêté en août 2013, il a formulé son opposition à ce jugement rendu et il fut libéré conformément à la loi. Il vient d’être rejugé par le tribunal de Dixinn. Après plusieurs audiences correctionnelles, le juge Mangadouba Sow a délibéré
le 06 novembre 2013. Le tribunal l’a condamné à 6 mois de prison ferme, 150
milles GNF d’amende et 120 millions GNF de dommages et intérêts. Un des avocat
de la partie civile dira: "demander 120 millions GNF à un milliardaire..à
quelqu’un qui affirme avoir vendu plus de 500 chimpanzés à raison de 1,500
dollars l'unité et plusieurs autres espèces animales exotiques de grande
valeur...c’est vraiment insignifiant par rapport aux dommages qu'il a causé au
patrimoine faunique Guinéen".
Au delà de l'immense
satisfaction que nous procure l'infliction de cette sanction dissuasive,
l'allocation d'une telle somme à l'Etat et ce par le travail d'une ONG
constitue un geste rarissime.
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