28 septembre 2008 |
Le début de cette semaine s’annonce très troublant en
Guinée. A partir de ce mardi 27 septembre, le Collectif des Partis Politiques
pour la finalisation de la transition invite leurs militants à descendre dans
les rues aussi bien à Conakry qu’à intérieur du pays. Bien que la manifestation
soit interdite par les autorités, le Collectif tient à braver l’interdiction.
Cependant, des tracts circulent dans les quartiers de Conakry. Les jeunes qui
soutiennent le pouvoir sont appelés s’attaquer aux manifestants.
Le pouvoir d’Alpha Condé et le collectif des Partis Politiques
pour la finalisation de la transition (qui regroupe une vingtaine de partis de
l’opposition) sont à couteaux tiré. Si l’on s’en tient à la déclaration publiée le 19 septembre dernier par le Collectif, l’objectif principal de ces marches
pacifiques qui débutent ce 27 septembre est d’amener le pouvoir à rompre le
silence. Ils veulent « un dialogue franc et constructif en vue de réunir
les conditions de transparence et de crédibilité nécessaires à la tenue des
élections législatives dans les meilleurs délais et dans un climat
apaisé ». Cependant, les tentions montent d’un cran à Conakry.
Comment les militants
des deux camps réagissent-ils à cette déclaration du Collectif ?
Beaucoup de militants des partis membres du collectif sont
mobilisés dernière leurs leaders. Le samedi dernier, lorsque je me rendais à
Hamdalaye, j’ai constaté que le siège de l’Union de Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) de
Cellou Dalein Diallo était bien rempli de jeunes militants. J’ignore si la même
mobilisation se fait autour de Sidya Touré de l’Union des Forces Républicaine (UFR) pour donner plus d’envergure à la manifestation.
Par contre, la colère est perceptible dans le camp de l’alliance
arc-en-ciel regroupant une certaine de partis politiques qui ont porté le
Professeur Alpha Condé au pouvoir. Bien que l’Alliance commence à se disloquer,
cela m’entame en rien le soutien de ses militants au pouvoir qu’ils ont mis en
place. Depuis la publication de la déclaration du Collectif, les tracts
provenant de certains mouvements de soutien au pouvoir circulent dans les quartiers
de Conakry. Ces mouvements de jeunesse qui soutiennent le pouvoir appellent
leurs membres à sortir pour s’attaquer aux manifestants. Sur le papier
(titré : Trop c’est trop !) que j’ai sous les yeux, on peut lire ces
phrase : « l’union des jeunes pour le changement invite l’ensemble
des jeunes à travers toutes ses structures de base à Conakry et à l’intérieur
du pays à se mobiliser et à s’unir pour barrer la route aux ennemis de la
liberté et de la démocratie…. Les ennemis de la Guinée seront combattus vaille
que vaille et jetés dans le nouveau train de la Démocratie… ».
Faut-il craindre une
autre tragédie à la manière du 28 septembre 2008 ?
Non ! Je n’y crois plus jamais. Mais il faut dire que la
situation actuelle porte à croire qu’il y aura inévitablement des affrontements
entre pro et anti-pouvoir. Et La confusion ne se militera pas seulement à ce
niveau. La manifestation est interdite par les autorités et le gouverneur de
Conakry utilise toutes les méthodes de dissuasion. Tantôt il rencontre des chefs de quartiers pour sensibiliser les
mouvements de jeunesse pour qu’ils s’abstiennent de tout mouvement à caractère
politique, tantôt il menace à la télévision ceux qui tenteront de sortir dans
la rue. Si toute fois aucune des parties à savoir le Collectif et le pouvoir ne
lâchera du lest, les prochains jours seront très troublants dans le pays. Malgré
l’insistance du Collectif sur le caractère pacifique de la manifestation, je
suis convaincu qu’ils perdront le contrôle de la manifestation une fois que
leurs militants se retrouveront dans la rue. Ces manifestations seront un
premier test pour le régime d’Alpha Condé. Ils prendront le maximum de
précaution pour éviter une répression sanglante comme celle du 28 septembre
2008. Par ailleurs, le chef d’Etat Major Général des armées a donné l’ordre aux
militaires de rester dans les casernes. Mais la police et la gendarmerie sont
sur le qui-vive. Ils procéderont sans doute à leur plus grande vague
d’arrestation de manifestants. Donc ce qu’il faut craindre cette fois-ci, c’est
bien la justice ensuite la prison !
Hier dimanche, le Premier Ministre a prononcé un discours à la
télévision nationale. Il a invité les partis politiques de l’opposition à une
concertation aujourd’hui lundi. Je souhaite vivement qu’ils se comprennent pour
éviter le trouble dans le pays.