15 septembre 2011

Quel impact pour les institutions de micro-finance en Guinée?


Siège du Crédit Rural de Guinée

Le crédit rural de Guinée est une plus grande institution de micro-finance en Guinée. Des villages aux villages, il couvre l’ensemble du territoire national à travers 120 caisses qui font des opérations d’épargne, crédit et de transfert d’argent dans certains endroits. Aujourd’hui, il l’un des principaux partenaires financiers de nos populations rurales.



Dans cette deuxième partie des interviews que j’ai réalisées (pour Konakry Express) sur les activités de micro-finance dans notre pays, le chargé de la communication et de la formation du CRG, Mr Mohamed Sékou Condé, nous parle de l’impact de leur structure dans la lutte contre la pauvreté.



Mohamed Sékou Condé
1) Entant qu’institution de micro finance qu’apportez-vous aux populations guinéennes ?

M.S: Le Crédit Rural de Guinée offre des services financiers de proximité tels que le crédit, l’épargne et tout récemment le transfert d’argent.

2) Vous avez parlé de proximité est ce que cela veut dire que vous êtes représentés dans tous les coins de la Guinée ?

M.S: Bien sûr, nous sommes représentés dans les quatre régions naturelles à travers 11 délégations régionales qui sont les représentations de la direction nationale dans les régions bien déterminées car nous nous n’avons pas tenu compte du découpage administratif mais plutôt de la proximité des sous-préfectures ou des caisses avec les préfectures où se trouvent les délégations. Nous avons 120 caisses ou agences à l’intérieur du pays qui font des activités de crédit et d’épargne

3) Quels sont vos clients potentiels, les plus nécessiteux ?


M.S Toutes les catégories socioprofessionnelles bénéficient de nos prestations. Nous avons d’abord les paysans, les artisans, les commerçants ensuite les fonctionnaires. Je ne dis pas que les paysans sont les plus visés. Par contre, je dirai que notre intervention se fait en faveur des personnes exclues du système bancaire classique. Naturellement, dans cette catégorisation, les personnes qui sont dans les milieux ruraux seront donc privilégiés car il n’ya pas de banques dans ces milieux. D’ailleurs, à l’origine, c’était Projet Crédit Agricole et Rural de Guinée.

4) Quels sont les principaux bailleurs de fond du CRG ?
Notre principaux bailleur de fond jusqu’en 2009, c’était l’agence française développement.
Il ya eu aussi le PNUD, USAID, le PDLV, la coopération allemande qui, chacun à sa manière, 
nous appuient.
Quant à l’Etat, il nous accorde certaines faveurs quant aux taxes et l’impôt. Nous avons un régime particulier jusqu’en 2012. Comme vous le savez l’Etat est l’initiateur du CRG et le projet lui appartenait. C’est à partir de 2001 qu’il a été privatisé. 


5) Quel est l’impact du Crédit Rural de Guinée dans la vie des ruraux ?
Oui. Les crédits que nous octroyons aux agriculteurs leur permettent d’accroitre les surfaces 
cultivables, d’accéder facilement aux semences, de payer la main d’œuvre et ces crédits les empêchent souvent de vendre leur récolte en herbe. Car, il ya des commerçants qui profitaient de la période de soudure pour donner de l’argent aux paysans qui sont donc obligés de leur vendre en herbe ce qu’ils ont semé avant qu’il soit en maturité. En plus de cela il ya l’amélioration de leur revenus qui leur permet de faire face à la scolarité des enfants et de payer les dépenses de santé. Surtout, il ya l’émancipation des femmes qui est un apport très important du Crédit Rural de Guinée. Les femmes sont devenues des operateurs économiques car elles ont accès à nos crédits au même titre que les hommes et sans intermédiaire. Cela peut se faire de façon groupée ou individuelle quand elles auront acquis un certain niveau dans gestion. Nous avons brisé l’organisation qui était dans les villages qui faisait que ce sont les hommes seulement qui avaient accès aux outils de développement. 


6) Quels sont les critères de souscription à vos crédits ?
M.S: Le premier critère c’est d’être un résident de la localité, être présenté par un comité de base en tant tel ; avoir l’âge minimum qui est de 18 ans et ne pas être âgé de plus de 65 ans; présenter une activité licite et rentable donc ce n’est pas un crédit social pour aller payer de la dépense.

7) Quelles sont donc les garanties ?
M.S: La première garantie au CRG c’est la garantie solidaire : la solidarité entre les membres en commençant par l’unité de base. Quand vous demandez un montant qui dépasse votre âge d’entrée, nous vous demandons de faire vous-même un apport d’environs 25% car c’est un projet que nous finançons ensemble.

8) A combien s’élève le montant de vos prêts ?
M.S: Actuellement, nos crédits varient de 500.000 GNF à 20 millions de GNF. Nous le donnons graduellement.

9) Et quel est le taux d’intérêt que vous appliquez ?
M.S: Le taux d’intérêt mensuel est de 4% sur les crédits de court terme et de 3,5% sur les crédits de moyen terme.

10) Quels sont les avantages que présentent les microcrédits par rapport aux prêts bancaires ?
M.S : Premièrement ce sont des crédits de proximité. Nous avons mis en place des mécanismes beaucoup adaptés à nos réalités, à conditions en essayant de tordre le cou aux grands principes bancaires selon lesquels on ne prête qu’aux riches. Et puis ce sont des crédits de petite taille que les banques n’aimeraient pas donner. Nous sommes plus proches et nos conditions sont allégées par rapport aux banques.

11) Aujourd’hui, quelles sont les grandes réussites du CRG contre la pauvreté ? En termes d’emploi ?

M.S: Je pense que la première réussite c’est le fait d’avoir mis en place une culture de crédit à travers tout le pays. Les gens prenaient de l’argent mais ne le remboursait jamais. Le CRG a mis en place une culture de crédit et qui permet aux institutions de s’installer et de donner des crédits qui soient remboursés. Ensuite, dans les zones où nous intervenons, nous permettons aux populations de profiter de nos services sans l’intervention de l’administration. 
Au bas mot, nous sommes trois universitaires employés par le CRD sans compter les emplois indirects.Nous accordons également des stages aux étudiants sortant.


12) Quels sont les difficultés auxquelles vont êtes confrontés ?
M.S: Les difficultés sont essentiellement liées au retard de remboursement, chose qui crée un certain d’déséquilibre. Et cela s’est accentué ces derniers temps à cause de la situation macro économique du pays. Depuis trois ans la Guinée vie un rythme infernal d’élection, des différentes contradictions politiques… Donc les activités économiques étaient très malmenées. Les acteurs économiques que nous nous finançons, en ressentaient. Aussi, les demandes commencent à être très importantes et nous n’avons pas les moyens de faire face à toutes ces demandes.

13) Quels sont vos projets futurs ?
M.S: Nous sommes à révision de capital de 428.550.000 GNF à 8 milliards. Il nous faut d’abord finaliser l’informatisation de l’ensemble du réseau, développer nos activités, moderniser l’entreprise pour améliorer nos prestations.