07 janvier 2010

Quel impératif pour notre Guinée, la justice ou la paix?


Le facteur aggravant de la confusion sociopolitique qui paralyse notre pays est sans doute le massacre du stade.
Ce triste événement a mis en exergue, à la surprise générale de l’opinion nationale et internationale, les méthodes criminelles par lesquelles la junte que nous avons tous légitimé par un soutien populaire aveugle, compte confisquer le pouvoir en réaffirmant ainsi sa fidélité à la doctrine machiavélique selon laquelle la fin justifie les moyens.

Il faut cas même admettre sans en être fier que ce soutien populaire se justifie dans la mesure où c’était désespérément pour nous la seule façon d’évincer les criminels économiques. Mais hélas ! Sans le savoir, on applaudissait une nouvelle race de criminelles de sang froid.

Suite à ces dérapages de toutes sortes nous nous retrouvons aujourd’hui dans un nouveau dilemme : faut-il donner la priorité à la justice ou à la paix ?
Voila la question qui nous complique tout, divise les forces vives et qui, au fond bloque le processus de sortie de crise.

Alors il faut se décider maintenant pour mettre fin à la souffrance de la population. Bien sûr, il ne s’agit pas de renoncer à la justice ou à la paix l’une au profit de l’autre- chose qui est d’ailleurs insensé, impossible- car une véritable justice ne peut s’exercer que dans la sécurité, la quiétude et la sérénité. Aussi, on ne peut rêver à la paix, à la quiétude dans un Etat qui ne se préoccupe plus de l’impunité grandissante qui le ronge.

Il s’agit donc d’opter soit pour la « justice d’abord, la paix après » ou « la paix d’abord, la justice après ». C’est une question extrêmement délicate dont la réponse définira notre sort. Seule la démarche et les actes posés par les différents acteurs pourront nous orienter vers sortie de crise apaisée ou conflictuelle.
S’ils nous orientent dans le sens de « la justice d’abord, la paix après », cela signifie que nous voulons vendre la peau de l'ours avant de l’avoir tué.
Nous seront incontestablement dans la démarche la plus populaire. La raison est simple : La colère et le désespoir de la population émergent de ce malheur qui fait que nous assistons de façon répétée à l’avènement de nouvelles autorités qui sont ou qui deviennent de plus en plus des criminels économiques ou de sang froid. Le voleur se réservant de crier au voleur et le criminel craignant d’agir contre le criminel, nous nous sommes retrouver dans un Etat rebaptisé : Terre d’impunité.

Le peuple attend donc avec impatience ce beaux matin où il se lèvera et trouvera toutes ces catégories de criminelles la corde aux cous. Mais justement, pour y arriver il faut d’une part, se battre les bras nus contre ceux qui ont des armes, des munitions inépuisables, qui sont physiquement entrainés et mentalement préparés à tuer; et de l‘autre part ouvrir un autre front contre ceux qui ont suffisamment d’argent ( volé) pour acheter des tonnes de riz pour que leurs familles ne se plaignent de rien pour le temps qu’il faut alors que nous nous avons le vendre vide. Et pourtant n’oublions pas que les sacrifices déjà consentis sont largement suffisants. Il en faudra t-il encore?

Au contraire, s’ils nous orientent vers « la paix d’abord, la justice après », cela signifie que nous devons être réalistes. Taire- bien que meurtris- nos intentions et chercher d’abord les moyens utiles pour retirer notre main de la gueule du caïman.
Toutes les concessions qui seront faites et les efforts consentis dans ce sens ne doivent pas être perçus comme un échec.

Dans l’état actuel des choses, c’est le passage obligé pour aboutir dans un proche avenir à une victoire certaine. Il faut tout de même rafraichir les mémoires pour éviter que ce probable compromis nous rappelle avec impuissance les mauvais souvenirs de l’accord qui a momentanément mis fin à l’insurrection populaire de janvier et février 2007.

Il faut pour conclure, penser à tous les garde-fous nécessaires pour qu’aucun militaire, qu’il ôte sa tenue ou sa peaux n’ait la possibilité de participer aux prochaine élections et que les criminels économiques soient également mis en quarantaine en attendant qu’ils répondent tous de leurs actes.

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