12 janvier 2010

L'an 1 du CNN: un bilan triste pour la jeunesse


Ces phrases: "jeunes patriotes de Guinée soutiennet le president Moussa Dadis Camara et le CNDD. Vive la Guinée" que l’on pouvait fièrement lire sur cette banderole en janvier 2009, sont celles d’une génération née et grandie sous la dictature.

Cette pitoyable jeunesse qui, plongée chaque nuit dans les ténèbres, révise courageuse ses leçons à la lumière de la bougie, dort complètement extenuée et qui se réveille le matin sans pouvoir prendre un bain par ce qu’elle est tout simplement privée d’eau et d’électricité qui demeure encore un luxe ; croyait avoir intronisé ce jour le messie tant attendu.

C’est cette jeunesse qui, courant des dizaines kilomètres derrière le cortège, scandait ‘ Menguè 15 ans’ : notre président à 15 ans. Comme pour dire qu’elle rompait avec la gérontocratie car elle apercevait un homme ayant une allure jeune comme elle qui serait sans doute plus proche de leur monde et qui réaliserait sans doute son rêve.

Un an après, cette même jeunesse est plus que jamais déçue, désespérée, divisée et manipulée dans des mouvements de soutien sans conviction aucune. Elle reprend conscience, tire les leçons du passé, s’inquiète et s’interroge sur son avenir. Révoltée, elle tente d’exiger le respect des engagements pris envers elle et on la fusille.

Injustement empêcher d’assoupir cette soif pour la démocratie, la paix, la justice et le travail, cette jeunesse ne mérite pas une telle récompense.

Ce n’est pas tout. Le conseil national « pour la démocratie » et le développement a-on le sait- complètement trahi à la vision qui devrait être la votre : celle de poser les jalons de la démocratie. Mais il faut également souligner que ce CNDD, à commencer par sa date de création (le 23 décembre 2009) jusqu’aujourd’hui, n’a en réalité existé que dans l’esprit de la jeunesse et sur les lèvres de ceux qui ont reçu une part du gâteau. C’est purement et simplement un conseil fictif. C’est un conseil amical et non national. Si cela surprend quelqu’un c’est que ce dernier ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Les membres d’un conseil qui incarne une nation se réunissent régulièrement, discutent ensemble des affaires de la nation et prennent des décisions collectives. Mais il a fallu un an après sa création pour que ledit conseil tienne sa première réunion le 22 décembre 2009 pour spéculer certainement sur l’étrange destin de son président, son commandant en chef.

Alors puisque le CNDD n’a pas pu incarner dans les faits une cohésion interne à l’image d’un véritable conseil national, il va de soit qu’il échoue également à rassembler la jeunesse et à donner un sens au patriotisme auquel cette banderole l’exhortait.

Il y a longtemps que l’on parle de réconciliation nationale, de l’unité nationale. Dadis devrait faire comprendre à toute et à tous que la Guinée est bien une famille. Mais malheureusement, on a finit par comprendre que dans la tête du terrible capitaine, la Guinée n’est pas un Etat unitaire.

Au lieu de prôner cette unité nationale, il incitait au communautarisme. Ses propos renforcent le régionalisme et l’ethnocentrisme qui minent la patrie. Il ne disait jamais : Vive la Guinée ou simplement Vive la République. Il enchaînait au contraire : vive la Basse Guinée, Vive le Foutah, Vive le Manding, Vive la Guinée Forestière.
C’est sûr que s’il était le président des Etats-Unis, à la fin de chaque discours, il citerait tous les 52 Etats.

Nous ne seront pas donc surpris qu’on exige un jour le partage ethnique du pouvoir à tous les niveaux comme cela avait d’ailleurs été suggéré par un autre intellectuel perdu. Nous y opposerons catégoriquement.

Finalement, la jeunesse se demande sur le bien fondé de cette unité nationale qui n’est pourtant pas un vile concept qui se dit dans les tous les Etats voisins mais qui se vit au quotidien.

Le CNDD a galvaudé le concept d’unité nationale et du patriotisme qui est d’ailleurs devenu un instrument de chantage. On ne sait plus ce que c’est que le patriotisme. L’armée n’est pas républicaine, elle est patriotique disait son commandant en chef.

Les plus grands criminels économiques se disent patriotes. Un capitaine qui donne des ordres criminels à une armée criminelle se dit lui aussi patriote.

Alors, qu’en est il de cette jeunesse qu’on tue et qu’on égorge comme des moutons pour avoir dit non à la dictature ?

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