02 février 2010

L’Union Africaine affûte son petit couteau contre les combines constitutionnelles


L’union africaine s’est enfin penchée sur les tripatouillages constitutionnels qui menacent le peu d’espoir de démocratie sur le continent. Jusque là, les textes de l’union étaient restés muets sur cette épidémie du pouvoir à vie qui s’est emparée des chefs d’Etats africains.

Mieux vaut tard que jamais. A l’issue du 14e sommet qui vient de s’achever à Addis-Abéba, elle en fait désormais une préoccupation qui se greffera à celle de coups de forces traditionnelles qui, malheureusement continuent de faire retentir les coups de feu.

Maintenant, il reste à savoir si les sanctions devant être envisagées réussiront à dissuader les vieux démons dans la mesure où l’UA elle-même peine à se faire entendre sur beaucoup d’autres dossiers brûlants.

De toutes les façons, il faut à l’interne des Etats comme à l’externe, le maximum de fermeté à l’égard de ceux qui oppriment les peuples par la loi devant leur permettre de construire des Etats démocratiques auxquels ils aspirent.

Il est inacceptable et révoltant, que les chefs d’Etat qui sont parfois démocratiquement élus, trafiquent nos constitutions en s’arrogeant ainsi le droit à un mandat illimité tout en verrouillant aux autres citoyens, la seule voix légale imposée par le peuple pour accéder au pouvoir.

Par ailleurs, je rends hommage au courage historique des institutions nigériennes notamment l’assemblée, la cour constitutionnelle et la société civile qui se sont battues corps et âme pour empêcher Mamadou Tandja de tripatouiller la constitution. Mais hélas ! Dans un tel combat, il n’est pas facile que la raison l’emporte sur la force.

C'est justement ce manque de soucis au niveau des institutions guinéennes pour faire respecter la volonté du peuple qui a fait qu’en 2002, la Guinée devient l’un des premiers pays à donner ce mauvais exemple.

Voyons comment nos intellectuels prostitués ont- comme on le dit- taillé notre Loi Fondamentale sur mesure du Président Conté.
Les articles 24 et 26 de la Loi fondamentale de 1996 disposaient respectivement ce qui suit :

Le Président de la République est élu au suffrage universel direct.
La durée de son mandat est de cinq ans, renouvelable une seule fois.


Tout candidat à la Présidence de la République doit être de nationalité guinéenne, jouir de ses droits civils et politiques et être âgé de quarante (40) ans au moins et soixante dix (70) ans au plus.


Après ce referendum de 2002, on retrouve les mêmes articles mais cette fois-ci, ils sont complètement vidés de leur contenu démocratique qui était devenu nocif pour le vieux président qui voulait mourir au pouvoir. Il a bien atteint cet objectif. On n'a remué terre et ciel sans succès.

Article 24 devient :

Le Président de la République est élu au suffrage universel direct. La durée de son mandat est de sept (7) ans, renouvelable.
NB: sept ans renouvelable... tant qu'il vit.

Article 26 couronne le reste :

Tout candidat à la Présidence de la République doit être de nationalité Guinéenne, jouir de ses droits civils et politiques et être âgé de quarante ans au moins….
NB: soixante dix (70) au plus est effacé.

Alors avec de telles dispositions, qui d’autre pourra-t-il songer à s’installer un jour au palais pendant que celui s’y trouve respire encore ?

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