Il est vrai que nous consentons légitimer le pouvoir de nos dirigeants à travers un vote libre, crédible et transparent, or l’élection du 27 juin 2010 a été libre mais pas transparent vu que les citoyens guinéens se sont massivement mobilisés dans la discipline bravant le soleil et la pluie pour aller choisir leur futur magistrat suprême de la République de Guinée. Malheureusement, à l’annonce des résultats provisoires le 2 juillet 2010, les candidats à l’élection présidentielle se sont rendus compte que ce scrutin a été entaché de fraudes massives et généralisées et ont déposé des recours auprès de la cour suprême.
Cette cour suprême a rendu son verdict le mardi, 20 juillet 2010 en confirmant les deux candidats connus après la proclamation des résultats provisoires du premier tour. Comme une fois n’est pas coutume, selon certains observateurs, c’est la politique qui a été dite à la place du droit car près de 50% des voix exprimées ont été annulées prétextant la non transmission des procès verbaux alors que le président avait la possibilité de les réclamer avant et pendant l’examen des dossiers.
Pis, selon un juriste, spécialiste en droit privé, le président de la cour suprême ignorerait certaines de ses attributions au point qu’il a rejeté une demande d’indemnisation d’un des candidats malheureux au motif que ce contentieux électoral ne relevait pas de ses compétences.
Toutes ces situations font qu’aujourd’hui, j’éprouve un sentiment d’inquiétude pour l’avenir de mon pays puisque la consolidation de la démocratie dépendra de : la justice sociale, la paix durable, la stabilité politique, de l’unité nationale, de la satisfaction des besoins essentiels des populations, du renforcement des institutions Républicaines et de l'indépendance du pouvoir judiciaire.
Alors que la Guinée se trouve à la croisée des chemins de son histoire, les informations qui nous parviennent font état de manœuvres dilatoires et machiavéliques de la part de certains acteurs de la transition à la place de clairvoyance au sens patriotique, ce qui pourrait rendre le pays post électoral ingérable avec pour conséquence de compromettre le processus de démocratisation.
Les cinq années de mandat du président qui sera démocratiquement élu serviront au processus de transition puisque la période de transition actuelle sous la houlette du Général de brigade Sékouba KONATE n’aura pas permis de poser les bases solides de façon rationnelle, cohérente, productive en vue d’amorcer un véritable changement.
Il semblerait qu’en Guinée: le clientélisme, l’ethnocentrisme, le régionalisme triomphent sur la méritocratie. Dans ces conditions, tous les ingrédients sont en train d’être réunis pour que si rien n’est fait pour rectifier le tir, le pays connaisse des débordements avec des conséquences incalculables. Que « Dieu » nous en garde!
Le fait que nos compatriotes se contiennent pour ne pas entraver le processus de transition, ne signifie pas qu’il y a paix tant les frustrations sont énormes et s’accumulent au jour le jour et sans justice sociale, la consolidation de la paix restera hypothétique et aléatoire en l’absence de laquelle, point de démocratie ni développement.
Chers compatriotes,
La situation critique que traverse notre pays doit nous interpeller pour prévenir les conflits en posant des bases concrètes de réconciliation nationale au lieu de rafistoler avec pour conséquence le déplacement des problèmes.
Je ne saurais terminer cette réflexion sans féliciter nos deux candidats : El hadji Cellou Dalein DIALLO et le professeur Alpha CONDE en lice pour le deuxième tour de l’élection présidentielle 2010. Que celui qui sortira la Guinée du bourbier dans lequel elle se trouve en transcendant les clivages ethniques et régionaux pour privilégier l’intérêt national gagne. Amen !
Vive l’unité nationale !
Que « Dieu » bénisse notre beau pays. Amen!
Marie José YOMBOUNO
Présidente de l'AGFDH
France