05 mai 2010

La réflexion de Marie José YOMBOUNO "Pour une Paix Positive" en Guinée !

Marie José YOMBOUNO est la Présidente fondatrice de l’Association Guinéenne de France pour le Développement Humain  (AGFDH) qui est une structure organisationnelle apolitique et non confessionnelle. Ce qui ne l'empêche pas entant que guinéenne d'abord ensuite soucieuse de notre devenir commun qui sera ce que  sera la suite de la transition, de partager son opinion politique avec ses frères et sœurs guinéens. Voici ce qu'elle pense de notre transition étouffée.
Les Guinéens vivent actuellement dans une paix négative qui signifie «absence de conflit » mais qui n’exclut pas les menaces de troubles car trop de frustrations, alors que la paix véritable suppose positivement la concorde entre les hommes. Nul n’ignore que la situation socio-politique actuelle est fragile et que cette paix apparente risque à tout moment d’être compromise pour des raisons de manque de visibilité, de la pauvreté grandissante, de l’inflation, du non-respect des diversités culturelles  et de l’absence de cohésion sociale dans notre pays. Que « Dieu » nous en garde !
La démocratie est d’abord et avant tout la prévention des conflits et l’existence de justice sociale. Les populations  guinéennes  doivent participer au processus de démocratisation en prévenant les risques de perturbation aux conséquences incalculables dont les femmes et les enfants ont toujours été les plus touchés comme la journée noire du 28 septembre 2009. Ecartons également le risque d’intimidation de la part des pouvoirs ou d’autres.
Ensemble, créons d’abord les conditions propices à la tenue de l’élection présidentielle le 27 juin 2010 car l’espérance du bien-être est sans fondement en l’absence de paix durable.
Une des sources de malaise est le manque de transparence sur la candidature  des différents prétendants. Selon les informations que nous avons à travers les médias, certains parmi eux seraient des criminels économiques, ils ont détourné et gaspillé les deniers publics et les conséquences sont multiples, car plus de 50% de nos compatriotes n’ont pas  accès à l’éducation, aux soins de santé primaires, à un logement décent, aux transports en commun, à l’électricité et à un salaire correcte etc.
Il serait donc sage  pour situer les électeurs, de définir les conditions d’éligibilité puis d’organiser les débats afin qu’ils exposent clairement leurs programmes de société et disent comment procèderont-ils pour les financer ?
Une autre situation d’injustice sociale qui porte à confusion, est le fait d’avoir remercié plus de 500 recrues qui ont bénéficié de plusieurs mois de formation militaire après la fermeture du camp de Forécariah sans aucune autre forme de réintégration, et être parallèlement à la recherche de recrutement de 800 élèves gendarmes ?
Envisager les élections présidentielles la date indiquée, même si nous le souhaitons tous, dans de telles conditions sans tenir compte des réalités du terrain relèverait de l’absurdité.
J’entends certains de mes compatriotes dire qu’il faut aller vite aux élections même bâclées en vue de mettre fin au pillage et bradage de nos ressources naturelles et aux décrets qui tombent tous les jours pratiquement relatifs aux nominations  des amis du président intérimaire à des postes importants ou autres.
Et pourquoi en vue d’une bonne gouvernance, si les preuves sont établies, ne pas s’organiser pacifiquement pour dénoncer cette situation qui commence à irriter plus d’un, les responsabiliser et développer de nombreux moyens de communication afin de faire prendre conscience aux citoyens qu’ils doivent jouer un rôle politique dans sa dimension sociale et démocratique.
La mission principale du Président intérimaire ainsi que du gouvernement d’union nationale depuis les accords de Ouagadougou, le 15 janvier 2010, était de conduire une transition apaisée pour organiser les élections libres, transparentes, crédibles et acceptables.
Comment celui qui doit réguler l’administration peut-il dire qu’il est prêt et que le reste incombe au gouvernement, à la CENI (commission électorale nationale indépendante) et au CNT (conseil national de transition) ?
Concrètement, en quoi est-il prêt ? En ayant une attitude ambivalente ? Déclarant souvent devant la communauté nationale et internationale qu’il a la volonté de respecter la date déclarée, et de ne pas se présenter ? Alors que dans le même temps, les mesures ne sont pas prises pour asseoir les bases solides utiles pour la construction d’une véritable démocratie.
Nous devons être gouvernés non selon la volonté cachée des autorités actuelles mais selon leur  volonté connue et approuvée.
Nous sommes aujourd’hui face à un défi majeur, celui d’une prise de conscience de nos responsabilités et de nos besoins. L’implication responsable de chaque citoyen à travers les propos et débats constructifs est gage d’une paix durable.
S’agissant du choix du modèle d’adoption du projet de constitution  présenté par le CNT : ordonnance ou référendum, je pense qu’il est facile à faire, étant donné qu’en démocratie, le peuple est détenteur du pouvoir et que les Guinéens n’ont pas encore élu leurs députés pour déléguer ce pouvoir, alors il doit être consulté car le contraire serait anti-démocratique.Ce qui pourrait non seulement générer le désordre mais surtout et aussi, le président qui sortira des urnes la retouchera sous prétexte qu’elle n’est pas l’émanation du peuple.D’aucuns diront que le temps presse, est-ce pour autant s’engager dans l’inconnu avec des risques d’instabilité voire cycle de coup d’Etat que je n’encourage pas bien entendu.
Prenons le temps nécessaire et raisonnable pour faire face aux problèmes au lieu de les déplacer.Ne laissons pas l’histoire décider pour nous et à notre place, sinon elle le fera mal.Alors la balle est dans notre camp ?
Marie José YOMBOUNO
France

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